Mayhem - Live In Leipzig

Bon, cette chronique je l'ai faite sur Cryptic Madness à l'origine mais je veux en faire profiter le forum :

Leipzig, 1990, Mayhem vient jouer en Allemagne.
Le Live du concert est enregistré. Et voilà qu'on a une putain de galette. Déjà la présence d'un line-up considéré comme légendaire par les adulateurs du groupe.
Dead quelque mois avant son suicide au chant, Euronymous le fondateur de Mayhem à la gratte, le célèbre Necrobutcher à la basse et Hellhammer le marteleur de l'enfer scandinave aux fûts. Le Line-up d'une époque révolue en somme.

L'ambiance était macabre ce soir là. Une salle qui a l'air peu remplie. Des têtes de porcs empalées, un chanteur possédé qui se mutile avec des tessons de bouteille en verre. Bref c'est Grand Guignol version extrême. Le son est crade, il en rebutera plus d'un et sûrement certains fans de Mayhem. Les guitares sont sales, la batterie martèle avec véhémence, la basse du boucher nécrophile plane par dessus les autres instruments tel le spectre de la Mort. Et que dire de Dead, il est véritablement possédé, il crache ses poumons, il mutile ses cordes vocales, il éructe une haine vindicative. Un véritable messager du carnage. Mayhem se déchaîne, Euronymous prend des pains, semble parfois jouer à l'arrache. On a le droit à des larsens, au volume qui parfois, baisse. Bref l'amateur de metal de base trouvera cela probablement inintéressant et je ne parle pas de ceux qui ne jurent que par la technique. Ici la technique on s'en branle, seul le feeling compte. Et les musiciens ont un feeling infernal ce soir là. Ils arrachent tout, ils dévastent la salle, blasphèment au nom de Satan, au nom de LA Mort et du chaos. Tous les sentiments positifs sont annihilés. Hate, Hate, Hate and Hate. Un gros contraste se fait. Lorsque le groupe joue c'est l'apocalypse, une atmosphère mortuaire s'en dégage. Et lorsque les morceaux se terminent, les gens semblent plaisanter en Allemand et crient comme des fous. Etrange contraste qui surprendra l'auditeur.

Comme si cela ne suffisait pas, la set-list ne contient que des tueries et est très bien construite. Alternance entre les titres Speeds de "Deathcrush" et les morceaux plus longs du futur "De Mysteriis Dom Sathanas". Entendre les titres chantés par Dead est fort intéressant. Il les rend plus "In Your Face", plus haineux. Avec Attila ils seront plus mystiques. Comment ne pas headbanguer sur des tueries telles que "Chainsaw Gustfuck" ? Comment ne pas sentir une atmosphère glaciale à l'écoute de "The Freezing Moon". C'est sans concessions, sans répit.Les musiciens se déchaînent du début jusqu'a la fin. Un sentiment d'urgence s'en dégage. Le groupe envoie la purée, amène l'apocalypse sur un skeud. Mayhem prône la Mort. "au diable !" les rituels et les formules magiques. C'est bon pour les pédales.

C'est toute la musique de Mayhem qui se révèle ici. L'enregistrement Live donne un charme supplémentaire à la musique du groupe. Et quand on connaît le contexte dans lequel fût enregistré cette petite perle, le côté morbide en ressort décuplé. Une époque où le Black Metal effrayait encore les gens aux vus des témoignages. Ce disque est celui de la consécration suprême pour Mayhem, celui de la consécration de la musique extrême. Il est indéniablement lié à l'histoire du metal extrême et aux événements qui se sont produits dans la scène du Black Metal scandinave. Une déclaration de guerre aux valeurs traditionnelles qui commence par le sang avec Deathcrush et se termine par un "Pure Fucking Armageddon". Les solos dissonnants d'Euronymous et puis c'est tout. Le silence de la Mort.

Au risque de choquer, j'avancerais personnellement que c'est ici que la musique de Mayhem prend tout son sens, que c'est pour cet unique live que Mayhem devient un groupe de légende. Au diable le reste, ça a bien peu de valeurs au vu de ce pavé, de ce monument du metal extrême où le mot "Macabre" prend enfin tout son sens. Une perle intemporelle...